Quel bilan de la 1ère année de Déclaration de Performance extra-financière (DPEF)?

Le 9 juillet 2019 dernier, le MEDEF a présenté le Bilan de la première année de Déclaration de Performance extra-financière (DPEF) de 102 sociétés du SBF120 (celles de droit français avec un arrête de comptes au 31/12/2018) en partenariat avec les cabinets EY et DELOITTE. Cette revue factuelle s’inscrit dans les travaux du MEDEF visant à identifier et à partager avec les entreprises, la compréhension des textes et à aider à leur mise en œuvre.

L’étude expose les pratiques, les tendances et idées, les illustrations et la diversité des déclarations de performance extra financière en cette 1ère année ; il ne s’agit pas d’une évaluation avec rating.

Le principal enseignement de cette étude : l’extra-financier permet de déployer et de mesurer la stratégie de l’entreprise en lien avec la connaissance et la maitrise de ses risques.

L’étude des DPEF publiées a porté sur 5 caractéristiques :

  1. leur structuration,
  2. la présentation du modèle d’affaires,
  3. la présentation des principaux risques,
  4. la présentation des politiques et résultats,
  5. leur vérification.

Retour les principaux enseignements :

  1. Sur la structuration du document
  • on constate une transition vers un reporting plus matériel en particulier sur le modèle d’affaires qui associe risques et performance extra financière
  • la stratégie RSE est mise en avant et s’articule avec le modèle d’affaires franchissant un pas supplémentaire vers le reporting intégré et l’integrated thinking
  • on mesure l’avancée incontestable dans la transversalité des relations et des travaux entre les différentes Directions au sein de l’entreprise, celles des Risques, de la RSE, de l’Audit, de la Communication financière
  • on remarque une disparité du nombre de pages de la DPEF : 51 pages en moyenne (fourchette de 15 à 126 pages pour certaines)
  • il reste un travail important à mener sur la concision et la matérialité
  1. Sur le modèle d’affaires
  • il se situe principalement en introduction du Document de référence et propose des schémas et illustrations pédagogiques
  • ¾ des cas ont une approche visuelle qui permet une formalisation du contenu
  • ¼ des modèles d’affaires présentent la répartition de la valeur ajoutée par parties prenantes
  1. Sur les risques
  • ils sont exposés avec une moyenne de 10 risques (fourchette de 6 à supérieur à 20 risques) ; 60% des émetteurs présentent de 6 à 12 risques
  • les opportunités sont présentées aussi par 50% des émetteurs
  • la thématique « pure RSE » a été élargie à des sujets éthiques et sociétaux, notamment sur les offres de produits, la satisfaction clients, l’innovation…
  • les thématiques les plus fréquentes de risques sur le panel :
    • la corruption et droits humains : 82% de risques sur le non respect de l’éthique des affaires
    • l’environnement : 54% sur l’adaptation au changement climatique
    • le social : 72% sur le recrutement et la rétention des talents
    • le sociétal : 49% sur la qualité et sécurité des services
  1. Sur les politiques et résultats
  • les documents ont une structure basée sur les principaux axes de leur stratégie RSE ou sur les risques (73% des cas)
  • ils présentent le dialogue avec les parties prenantes
  • la formalisation des objectifs chiffrés reste limitée et se focalise sur les risques et la conformité aux exigences nouvelles : ¼ des émetteurs n’ont pas d’objectifs chiffrés et 2/3 en ont principalement basés sur la sécurité au travail et émissions de gaz à effet de serre
  • il demeure un travail de fond pour formuler et suivre sur les indicateurs clés et les objectifs, en particulier sur les conséquences financières liées à l’atteinte des résultats de ces KPI
  • il est manifeste qu’un risque RSE est un risque financier
  1. Sur la vérification
  • les OTI (organismes Tiers Indépendants) ont formulé peu de réserves sur la conformité de la DPEF de l’échantillon étudié
  • des commentaires cependant principalement sur les indicateurs et leur méthodologie et les politiques et leur déploiement
  • les nouvelles pratiques des marchés d’investissement (green bonds par exemple) amènent à présenter des indicateurs extra-financiers spécifiques.

En conclusion, plusieurs perspectives et pistes de réflexion ont été mises en avant pour :

  • poursuivre encore la simplification du reporting extra-financier pour gagner en pertinence
  • enrichir le modèle d’affaires et mieux traduire les défis des enjeux de RSE et prouver que l’entreprise se met en ordre de marche pour les défis à venir, en particulier ceux proposés par les ODD (objectifs de Développement durable de l’ONU)
  • permettre une articulation entre le chapitre Facteurs de risques pour répondre au prochain URD ; quel sera le traitement entre les risques bruts présentés dans la DPEF par rapport aux risques nets attendus dans l’URD ?
  • faire progresser la qualité des indicateurs extra-financiers en particulier sur leur pertinence, leur périmètre et leur comparabilité ; une surveillance annuelle de leur évolution.

Présentation au MEDEF du bilan de la première année de DPEF sur 102 sociétés du SBF 120 – réalisé en partenariat MEDEF/EY/Deloitte

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